FIT ET FORME

Neuf heures pétantes.

C'est l'heure du rituel sacré, du moment que l'on ne présente plus, de celui qui succède avec fracas et délices aux ablutions matinales que Pablo met un point d'honneur à ne pas oublier - qu'est-ce que ça peut cocoter dans une tente quechua, bordel -, est-ce vraiment utile de prononcer son nom ? Ouais, Pablo va prendre son ptit dej, comme il dit, il part à la pêche au pétrole, il va chasser son énergie pour la journée. Faut qu'il soit à fond pour glander sur la plage, se moquer des gens qui s'font chier dessus par les mouettes, dessiner des goélands et fumer des clopes en faisant des sudokus.

Il est vorace, Pablo. Il veut tout manger : le cœur des femmes - beau prince, il offre le sien sans conditions -, la lune qui l'empêche de dormir, les mots de son père qui lui rappellent à quel point il l'a déçu et surtout, surtout, ce beau beignet luisant qui trône sur un cimetière de miettes et de papiers crépon.
L'garçon en salive d'avance. Il tend sa main vers lui, tremblant d'émotion, quand des doigts fins et nacrés se déposent avant les siens sur le sucre glace. Il relève les yeux. C'est une fille. Boh. Sa galanterie s'arrête là. T'aurais pas deux-trois squats à faire avant de grailler ce beignet, la biche ? Pendant c'temps, jle surveille, t'inquiètes pas. Même les jolis yeux d'une furie débonnaire ne valent pas ce petit bonheur gustatif.

@Hazel
ptdr
c'est nul
jte laisse me clasher
c'est mérité afro

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Crapaud Bavard Messages : 21 Points : 23 Date d'inscription : 07/06/2018

Le soleil se lève, les oiseaux chantent, c'est le matin. Et comme chaque début de journée depuis son arrivée, les insultes pleuvaient, plus ou moins fort, plus ou moins nombreuses. Ça dépendait de son humeur, de son caractère de merde. La gosse qui aimerait dormir plus comme à son habitude, mais qui doit aller remplir son ventre criant famine avant que tous les autres crevards de ce camping ne se ramènent. « Vos gueules putains de piaffes. Ah, soleil de merde dès le matin sa race. » L'étoile qui l'aveugle sur le coup, augmentant son mécontentement matinal. Ses pas brusques, son regard noir qui fait fuir, l'ours solitaire qui s'amène vers la cantine prêt à tout emporter dans son puit sans fond. Yeux qui font le tour, regardant les différents produits de la journée avant d'être attirés par la pâtisserie, la seule qui restait. Ses petits doigts qui se pose sur le beignet sans faire attention à qui que ce soit, habitude de tous les jours. Tout ce qu'elle veut, c'est enfoncer ses crocs dans le mets sucré. « T'aurais pas deux-trois squats à faire avant de grailler ce beignet, la biche ? Pendant c'temps, jle surveille, t'inquiètes pas. » L'impulsivité qui monte en flèche, ses yeux allant se confronter aux bruns juste à ses côtés, elle le remarque enfin. « Et toi ? Tu devrais pas fermer ta gueule au lieu de casser les couilles des gens, le crapaud ? » Le ton pourtant calme qui renforce ses paroles pendant que son sang se réchauffe doucement. Hazel se recule juste assez pour que ses yeux foncés regardent l'arrière-train de l'inconnu avant qu'un sourire moqueur prenne place sur ses lèvres pulpeuses. « J'pense que je vais te laisser faire les squats à ma place hein. T'en as besoin. » Le beignet qu'elle porte à sa bouche, le regard narquois.

ptdddr trkl c'est bien bb ange

En voilà une qui semble enragée dès le bon matin. Pablo, ça l'fait rigoler, bah oui, lui ne connaît pas cette fureur permanente qui rend le monde et les autres insupportables. Lui, il est pépère, comme il dit, les yeux doux et le cœur reposé. La colère juvénile de la lilliputienne qui trépigne de vexation à ses côtés est loin de l'affecter, bien au contraire : elle ne fait qu'étirer son sourire jusqu'à ce qu'il devienne trop grand pour son visage anguleux, à la mâchoire coupante comme du verre brisé. Ses yeux rencontrent les siens : ils sont aussi sombres que les prémices d'une tempête. Elle a de jolis yeux, c'est ce qu'il se dit, Pablo. Normal, il aime les nuées sombres qui dansent dans le ciel quand les vagues menacent de se heurter contre les inconscients qui osent les confronter. Il manque d'exploser de rire lorsqu'il l'entend. Elle est si vulgaire avec sa voix-tonnerre. Ouais, Pablo est casse-couilles, il sait jamais s'arrêter, il est un peu bizarre Pablo, ça il le sait. " Ma foi, quel caquet. Le piquet de ta tente est resté coincé dans ton cul ou quoi ?" L'agressivité mêlée à de la douceur, ça refroidit. Pablo s'appuie sur le buffet, un air amusé sur son visage tiré, alors que la brune le jauge, le dévisage de la tête au pied, le mépris qui se dessine sur sa bouche assassine. Pablo se sert du café alors qu'elle jappe, fière d'elle. " Ah ouais ? Tu trouves que mes fesses ne sont pas assez rebondies ? " Il fait la moue, ça l'amuse. Il en faut beaucoup pour le vexer, Pablo. "S'il suffit d'un beignet pour adoucir tes états d'âme, je te le laisse avec plaisir." ajoute t-il, prêt à enterrer la hache de guerre. Le café fumant rampe dans sa gorge, salvateur. Cette fille lui plaît, elle a l'air rigolote.