Milan — Steve Fucking Rogers

Je poussais sur l'accélérateur alors que je m'engageais sur le périphérique. Partir de Paris, rien que le temps d'un été, voilà quelque chose que je n'avais pas fait depuis des années. Toutes ces années où j'avais préféré étudier que de partir en vacances, d'enchaîner les stages pour peut-être trouver la place rêvée. Ce n'était pas facile, mais j'étais aussi encore à quelques années de finir mes études. Cette année, je me laissais un peu aller. Loin des potes, loin de la capitale. C'était tout ce dont j'avais réellement besoin pour évacuer tout le stress que j'avais réussi à accumuler pendant ce qui m'avait semblé être un siècle. J'avais l'impression de ne pas avoir foutu les pieds en dehors de Paris depuis une éternité. Bon dieu que cet air faisait du bien.

Une guitare, un sac rempli de fringues et autres trucs et je savais que j'allais passer un bel été. La Bretagne avait toujours tenu dans mon cœur une place particulière. Je ne parle pas de souvenirs d'enfances forcément heureux. Il y en avait bien sur, des souvenirs. Mais le calme et la sérénité que m'apportait cet endroit avait un effet sur moi que je n'étais pas capable d'expliquer. Alors quand j'ai vu cette brochure à la fac, j'ai sauté sur l'occasion. Les autres partaient loin, rêvaient d'un autre continent et d'une nouvelle langue. J'étais personnellement parfaitement heureux dans ma petite France. Rien ni personne ne me ferait partir.

Mon trajet se fit rapide, sans escale. Pas de chichi pour moi, je voulais juste arriver à bon port avant la nuit, poser mes affaires et partir à la découverte du site. Être seul allait me donner l'occasion de faire le point, mais j'avais de tout de même hâte de rencontrer du beau monde venu d'ailleurs. Voyager sans lâcher ses terres. Le GPS bipa, m'indiquant que ma destination n'était plus très loin. Cela tombait bien puisque le soleil commençait doucement à se coucher à travers les arbres. Je me garais sur le bas côté de la route et replaçais mes lunettes de soleil sur l'arête de mon nez. Juste un moment de calme et je respirais profondément. Une brise passa et je coupais le contact, prêt à sortir. Cet était allait être inoubliable