j'aime écouter du alain souchon, cagoulé avec des chaussons.

pablo
baisse ta culotte, c'est moi qui pilote

Date de naissance et signe astrologique; Le dix-huit avril mille-neuf-cent-quatre-vingt-quatorze à Dunkerque. Bélier donc, comme Serge Gainsbourg et Benjamin Castaldi, sacré pedigree.

Ton âge du coup?; Vingt-quatre ans.

Comment on te surnommait enfant; Escobar ( eyeroll )

C'est quoi ta couleur préférée; Vert clair, comme la lumière qui pénètre entre trois chênes centenaires, comme les plants de tilleul qu'il fait amoureusement pousser sur le balcon qui surplombe l'infini de bitume sous les ses pieds;

Qu'est-ce-que tu fais dans la vie; Infirmier psychiatrique, métier usant jusqu'à la moelle et jusqu'à l'âme. Nul traumatisme ou tragédie ne l'ont poussé à devenir mécanicien des esprits et des divagations. Pablo aime son métier; il serait incapable de l'exercer dans l'cas contraire. Il en ramène toujours des anecdotes farfelues, le genre dont on rougit de rire avec ses potes.

Ton animal totem ce serait; Une ourse mal léchée.

Des mots qui te décrivent bien?; 01.bande dessinée : Si on ne peut pas dire de Pablo que c'est un grand lecteur, ce qui saute aux yeux, c'est sa passion dévorante - et coûteuse, bien qu'il prétende le contraire - des romans graphiques et autres bandes dessinées. Il aime autant les lire que se consacrer à leur création, sans aucun succès malheureusement. Il n'est pas rare de le voir en train de marteler des griffures de jais sur des feuilles froissées, sans discipline aucune, mais avec la passion comme moteur.

02. histoires d'horreur : Pablo, c'est un conteur d'histoires qui font peur et ce, depuis les premières classes vertes. Il possède le flow des éloquents qui font frissonner de leurs poisons empreints d'une note de vérité, la gestuelle et le regard un peu épileptique qui rend ces histoires partagées sous les flammes encore plus vraies que nature. On peut rajouter à ce talent une certaine fascination pour le morbide ainsi qu'une tendance à douter de tout et n'importe quoi; à crier au complot dès qu'un chat disparaît, tout ça.

03. cœur amoché : Naufragé des amourettes, il semble choisir les allumeuses et les timides, celles qui l'usent et celles qui n'osent même pas le regarder.

04. bouche mitraillette : Brut de décoffrage, on peut dire ça comme ça. Il ne veut jamais être désagréable, mais c'est tout comme.

05. bon vivant : Maman est turque, Papa espagnol : les repas à rallonge qui imposent une sieste de deux heures après les desserts, les mariages où la moitié de la planète semble s'être pointée sans être invitée, mouvoir son corps sur des sons qui ne passent que sur Radio Latino et Radio Orient les jours de pluie, à proximité d'une mégapole, tout ça, Pablo connaît.

06. insomniaque : Le marchand de sable semble l'avoir sur liste noire et ce depuis toujours. Nuits qui s'étiolent de plus en plus depuis qu'il est entré dans c'qu'on appelle pudiquement la vie d'adulte indépendant, c'est à dire le boulot, les factures, les impôts, les angoisses de vieillesse et de précarité. Quand il ne dort pas, Pablo dessine ou va déambuler seul sous le ciel qui le couve comme une maman noirceur.

07. jardinage Ouais, c'est un truc de vieux, mais il assume le pépère, il assume de faire pousser ses propres oignons, son basilic et même sa weed, mais ça, maman et papa ne le savent pas. Son rêve le plus doux, ce serait de s'installer dans une maison de campagne, d'avoir un gros chien qui se prélasserait sous le regard des montagnes, d'avoir un potager luxuriant et de nourrir les oiseaux perdus.

T'es animateur ou simple campeur?; campeur en pompes quechua

sous le soleil

Sa polo rameute les enfers au seul son de son moteur-tonnerre; elle vibre, elle tousse, elle se traîne mais avance malgré tout. Pablo espère qu'elle tiendra jusqu'au bout du chemin; c'est une vieille carcasse qui mérite une sépulture dans une décharge puante, mais il n'arrive pas à s'en débarrasser. Appelez cela comme vous voulez. Affection désœuvrée qui s'acharne sur la machine en fin de vie, ptêt bien. Les ronflements d'Anita s'effondrent comme un drop sur un son de festival et Pablo suppose qu'elle a fini sa sieste. Cela tombe bien, la radio s'est aussi tue, emportée au loin par des grésillements qui ressemblent à des cris d'oiseaux de mauvais augure. Putain, comment tu peux ronfler à cet âge, il marmonne pour la forme, comme un vieil homme. Dehors, les paysages sont mornes mais chatoyants lorsqu'on détourne le regard quelques secondes. La lumière semble hésitante quand au lieu où elle va se lover. Comme eux, c'est une nomade.

Anita se redresse sur le siège défoncé : elle semble bizarrement dénuée de colonne vertébrale, comme si seuls ses yeux inquisiteurs la soutenaient assez pour affronter le monde. On est bientôt arrivés au b... Attends. ST-MALO ?! Pablo, pourquoiiiii est-ce qu'il y a un panneau qui dit St-Malo, là ? Pabloooooo. Laisse-moi sortir. Pablooooooooo ! Certes, il avait quelque peu kidnappé sa sœur pour l'emmener en vacances. Comme s'il avait les moyens de payer deux mois au Club Med de Marrakech. Sans déconner. Non mais t'es con, toi aussi. Comment est-ce qu'on peut croire à un mytho pareil ? Anita tourne la tête vers lui jusqu'à s'en briser la nuque. Par pitié... Me dis pas qu'on va au camping. Dis moi qu'on part faire une escale en mer sur un grand bateau à voiles... rajoute la naïve d'un air qui rêve d'ailleurs. Le reste du trajet se rythme de leurs engueulades fraternelles et résignées.

Ils débarquent sur le bitume fondu à la tombée de la nuit; peints des monochromes du crépuscule tardif, les bungalows et les tentes ressemblent à des baraques à cochons. Ça donne pas vraiment envie et si les regards pouvaient tuer, il s'rait déjà crevé vu les la(r)mes enragées qui semblent s'extirper des iris de sa sœur. A l'entrée, deux siamoises les accueillent avec un regard suspect. Il sait bien qu'il a une dégaine de lascar et sa sœur, celle d'une star de cinéma. On leur souhaite un bon séjour du bout des lèvres, comme une promesse avortée et alors qu'ils prennent le chemin de la tente rapiécée, Anita semble prise de convulsions à la vue d'un quinquagénaire en moule-bite léopard, le dos enflammé par une étreinte trop prolongée avec le soleil.

Ouais, Pablo se plaira ici, lui au moins.

ahimsa / chloé voilà j'ai craqué beauf