Touch the s k y {Gab}

« - Alors, laisse moi résumer la situation. Tu m'fais croire qu'on a un tournage dans un putain de trou paumé à la con juste pour que je prenne des vacances ?
- (...)
- Non, j'me calme pas, j'ai pas besoin de passer l'été dans un camping de merde avec des jacquie et michel qui s'grattent les couilles toute la jour-
- (...)
- Quoi ?! T'as dit quoi là ? T'sais quoi, vas t'faire foutre avec ta p'tite queue molle de babtou, j'ai simulé la dernière fois, bouffon! »

Tit.Tit.Tit. Les regards embarrassés du chauffeur meurent d'aura sombre que tu dégages. Ton téléphone s'est suicidé en se jetant sans regrets dans ton sac, tu tapes des pieds sur la banquette arrière, tu insultes le réalisateur trop soucieux de ta vie sociale, un de ces gentils garçons qui pensaient te faire du bien en t'envoyant loin de ta chambre, loin de tes écrits, loin de ton travail qui donnait un sens à ton existence. Electricité dans les yeux, gencive qui blanchit tellement tes molaires s'embrassent fort. Toi qui n'avais jamais voulu connaître les horizons au delà de ton plateau télé, toi qui ne voyais le monde qu'à travers des fonds verts, des décors en carton, toi qui ne voyais les relations qu'à travers le mauvais jeu d'acteurs des amateurs choisis par défaut pendant les auditions. Colère impulsive, tempérament nerveux qui habite ton coeur et ta tête, qui ne semble pas vouloir se détendre. L'arrière du vieux taxi sent la vieille pastille à la menthe, vibre sous les galipettes des roues, fond sous la chaleur de l'été. Fenêtre automatique qui se baisse dans un son désagréable, le vent qui pénètre la bagnole en faisant bourdonner tes oreilles, tu pousses un soupire, agacée. Tu détestes ça, quand la vie ne suit pas tes plans. Tu pourrais demander au taxi de rebrousser chemin, si ce dernier n'avait pas été payé pour que tu arrives à destination. Porte-feuille vide, ressources limités aux films irréalisables que tu te faisais en permanence dans ta tête. Le nom du camping se dessine à travers le pare-brise sale du chauffeur. "Fait chier.". Juron qui s'échappe de tes lèvres sèches. Le camping, c'était démodé. Le camping, c'était ringard. Presque aussi ringard que ton style vestimentaire vintage. Culater rectangulaire qui couvre tes yeux, le contact se stop alors que tu ouvre péniblement la portière. Tu chasses le chauffeur qui t'aide à porter ta valise. T'as pas besoin d'aide, toi, t'as pas besoin de ça. Camel entre tes lèvres qui brûle autant que ton cerveau, soupire profond mêlé à la fumée nocive, cabas sur l'épaule fragile, dégaine de dépravée. Le premier qui te demande si t'as ramené des nems, tu l'exploses.